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Quelques oeuvres commentées

 

DON GIOVANNI  Opéra en deux actes

L’œuvre

Commandé par l’Opéra de Prague, où Les Noces de Figaro avaient été représentées avec un succès dépassant de beaucoup celui de la première viennoise, Don Giovanni est le deuxième des trois opéras que Mozart composa sur un livret de Lorenzo da Ponte. Il reprend le mythe du séducteur puni, mythe né dans le contexte du Baroque espagnol, que Tirso de Molina et Molière, entre autres, avaient déjà rendu célèbre et qui venait d’être remis au goût du jour par un certain Bertati pour l’opéra de Gazzaniga, Le Convive de pierre. Si, comme l’explique Jean-Victor Hocquard, " l’époque était mûre, dans les régions de culture germanique, pour l’accueillir avec chaleur, c’est parce qu’il correspondait au romantisme naissant ". En Allemagne du Sud et en Autriche, en effet, le thème avait eu, à la fin du XVIIIe siècle, un grand succès dans plusieurs pièces de théâtre populaire et ce héros, avec sa sensualité démoniaque, apparaissait, aux yeux du public de l’époque " comme une vivante incarnation de sa protestation contre le manque de naturel de la vieille conception rationaliste de la vie " (Hermann Abert).

Car la particularité de Don Giovanni est de se situer à la charnière entre l’Ancien Régime et ce romantisme anti-rationaliste. Œuvre de transition (nous sommes à deux ans de la Révolution française), elle marque la fin d’un siècle et annonce celui à venir. Les romantiques ne s’y sont pas trompés, qui ont vu dans le libertinage du héros " la soif de l’infini dans la volupté " (Musset). Et jusqu’à nos jours, le mythe a donné lieu à toutes sortes d’interprétations philosophiques (en particulier chez Soren Kierkegaard).

Sur le plan musical, cette transition est tout autant sensible. Mozart y récapitule les formules de l’opéra du passé et invente celles du drame musical moderne. C’est la raison pour laquelle, à la différence d’autres œuvres du compositeur, Don Giovanni n’a jamais quitté la scène depuis sa création, même s’il a été représenté parfois de manière tronquée (en particulier au XIXe siècle). Jouissant d’une grande popularité auprès du public, cette œuvre, que l’on a souvent considérée comme " l’opéra des opéras ", est incontestablement une des figures majeures du répertoire lyrique.
 

La création

Don Giovanni a été créé le 29 octobre 1789 au Théâtre National de Prague.

L’œuvre à l’Opéra de Paris

Don Giovanni a été représenté pour la première fois au Palais Garnier le 29 novembre 1875, dans une version française de Castil-Blaze et Emile Deschamps. En 1934, une nouvelle version française d’Adolphe Boschot était proposée, dirigée par Bruno Walter et avec André Pernet dans le rôle-titre. En 1956, c’est à José Beckmans, ex-interprète du rôle, que l’on confia le soin de remonter l’œuvre, dans des décors de Jacques Marillier, avec Ernest Blanc (Don Giovanni), Louis Noguéra (Leporello), Régine Crespin (Donna Anna) et Jacqueline Brumaire (Donna Elvira). En 1975, Rolf Liebermann réunissait, sous la direction musicale de Sir Georg Solti et dans une mise en scène d’August Everding (décors de Toni Businger), Roger Soyer (Don Giovanni), José Van Dam (Leporello), Margaret Price (Donna Anna) et Kiri Te Kanawa (Donna Elvira). En 1981, Bernard Lefort présentait une production venue de l’Opéra de Lyon, avec Ruggero Raimondi, Gabriel Bacquier, Anna Tomowa-Sintow et Felicity Lott, dirigés par Jean-Claude Casadesus, tandis qu’en 1987, l’œuvre était à l’affiche de l’Opéra-Comique, sous la direction de Lothar Zagrosek, dans une mise en scène de Göran Järvefelt et avec François Le Roux dans le rôle-titre. En mars 1996, pour la réouverture du Palais Garnier, Don Giovanni était donné en version de concert, sous la direction de Sir Georg Solti, avec Michele Pertusi (Don Giovanni), Ferruccio Furlanetto (Leporello), Renée Fleming (Donna Anna), Joan Rodgers (Donna Elvira). Don Giovanni est entré au répertoire de l’Opéra Bastille en mai 1999, dans une mise en scène de Dominique Pitoiset, avec Bryn Terfel dans le rôle-titre. C’est cette production, reprise au cours de la saison 1999-2000 avec Bo Skovhus et Dwayne Croft en alternance, qui est de nouveau à l’affiche.
 

Trame

ACTE I

C'est la nuit. Don Giovanni s'est introduit dans la maison du Commandeur pour séduire Donna Anna, la fille de celui-ci. A l'extérieur, Leporello monte la garde, pestant contre cette condition qui l'oblige à supporter la faim, la fatigue et les intempéries, pendant que son maître s'adonne à ses menus plaisirs. Soudain, Donna Anna paraît, poursuivant Don Giovanni qu'elle essaie de démasquer. Alerté par les cris, le Commandeur accourt et provoque l'agresseur en duel. Tandis que Donna Anna rentre dans le palais pour chercher du secours, Don Giovanni blesse mortellement le vieillard. Sans avoir été reconnus, maître et valet s'esquivent. En découvrant le cadavre, Donna Anna et son fiancé, Don Ottavio, jurent de se venger.

Malgré les remontrances de Leporello, Don Giovanni ne se soucie guère de l'accident: il a déjà flairé " une odeur de femme ". Donna Elvira, en effet, entre en scène. Elle est à la recherche de ce Don Giovanni qui lui a promis le mariage et qui, après trois jours d'amour partagé, l'a abandonnée. Battant prudemment en retraite, le séducteur laisse à son valet le soin d'expliquer pourquoi il a manqué à la parole donnée. Ce dernier déroule devant une Elvira folle de rage le catalogue des conquêtes de son maître.

Zerlina et Masetto, deux paysans, s'apprêtent à fêter leurs noces. Après avoir écarté le promis et malgré les protestations de celui-ci, Don Giovanni parvient, par des promesses, à mener doucement Zerlina à l'écart. Il aurait tôt fait de triompher de sa résistance, si Donna Elvira n'arrivait à temps pour avertir l'ingénue paysanne. L'arrivée de Donna Anna et de Don Ottavio oblige Don Giovanni à calmer sa colère et à faire bonne figure, mais une fois encore, l'irruption d'Elvira, qu'il tente de faire passer pour folle, ruine ses projets. A peine est-il sorti que Donna Anna reconnaît dans sa voix celle du meurtrier de son père et somme Don Ottavio de la venger. Mais celui-ci ne peut d'emblée croire leur ami Don Giovanni " capable d'un aussi noir méfait " et décide de découvrir la vérité.

Don Giovanni se prépare à la fête à laquelle, par bravade, il a invité tout le monde, et pendant laquelle il espère bien allonger la liste de ses conquêtes. De son côté, Zerlina tente de se faire pardonner par Masetto, qui, à l'arrivée de l'impie, se cache pour voir s'il va à nouveau tenter de séduire sa promise. Mais ce dernier le découvre et mène les deux jeunes gens à la fête. Masqués, Donna Anna, Donna Elvira et Don Ottavio s'apprêtent également à s'y rendre afin de confondre le coupable. Leporello les invite à entrer.

Dans le tumulte de la fête, Don Giovanni cherche à abuser de Zerlina, mais, par ses cris, la jeune fille alerte les convives. Don Giovanni tente en vain d'attribuer le forfait à Leporello. Les hôtes mettent bas le masque: le désarroi de Don Giovanni est un aveu, alors même qu'il persiste à narguer le destin.
 

ACTE II

Leporello en a par dessus la tête de devoir débrouiller les sales besognes de son maître, mais quelques pièces d'or ont tôt fait de le calmer. Don Giovanni veut séduire à présent la camériste d'Elvira, mais pour ne pas l'effaroucher, il échange ses vêtements avec ceux de Leporello, lequel devra jouer le rôle de son maître repentant auprès de Donna Elvira. Celle-ci se laisse facilement berner par un Leporello qui se prend au jeu. Simulant une rixe, Don Giovanni chasse les tourtereaux et entame une sérénade bientôt interrompue par Masetto à la tête d'une troupe de paysans armés qui sont précisément à sa recherche. Se faisant passer pour Leporello, il fait mine d'épouser leur cause, puis, resté seul avec Masetto, le roue de coups, ce qui donne à Zerlina l'occasion de consoler son époux.

De son côté Leporello, toujours accompagné de Donna Elvira et portant les habits de son maître , aperçoit Donna Anna et Don Ottavio. Il veut leur fausser compagnie, mais, en partant, se heurte à Zerlina et Masetto. Le stratagème est découvert. Leporello est menacé de payer pour son méchant patron. Il bredouille quelques explications et parvient à s'enfuir. Don Ottavio, convaincu cette fois de la culpabilité de Don Giovanni, décide d'obtenir justice, mais demande, en attendant, à Zerlina, Masetto et Elvira de rester auprès de Donna Anna pour la consoler. Chez Elvira, le désir de vengeance fait place à un sentiment de pitié.

Réfugiés dans un cimetière, Don Giovanni et Leporello se retrouvent devant la statue du Commandeur. Don Giovanni entreprend de conter à Leporello comment, sous le déguisement de son valet, il a tenté de séduire une des maîtresses de ce dernier, lorsqu'une voix sépulcrale s'élève, brisant ses ricanements. Avisant la statue, il ordonne à Leporello terrorisé d'inviter celle-ci à dîner. La statue acquiesce.

De son côté, Don Ottavio presse sa fiancée de célébrer leur mariage, mais Donna Anna diffère encore, prétextant le trouble qui l'agite. Dans son palais, Don Giovanni s'attable pour le souper, admonestant Leporello qui chaparde dans les plats. Donna Elvira vient une dernière fois l'adjurer de changer de vie. Don Giovanni n'en a cure et la renvoie. Le cri qu'elle pousse en sortant annonce l'entrée du Commandeur . Il vient rendre son invitation à Don Giovanni. La statue lui demande sa main en gage. Don Giovanni la lui offre et aussitôt un froid glacial l'envahit. Le Commandeur le somme alors de se repentir, mais Don Giovanni refuse. L'heure du châtiment a sonné : il est englouti par la terre et disparaît dans les flammes de l'Enfer.

Donna Elvira, Donna Anna, Don Ottavio, Zerlina et Masetto arrivent juste après, accompagnés d'huissiers de justice, pour se saisir de Don Giovanni, mais Leporello leur apprend que le Ciel les a devancés. Donna Elvira décide de se retirer dans un couvent. Donna Anna demande à Ottavio de respecter son deuil pendant un an encore. Zerlina et Masetto s'en retournent chez eux, tandis que Leporello va à l'auberge chercher un nouveau maître. Ils chantent tous ensemble la morale de la pièce: " La mort du scélérat est semblable à la vie qu'il a menée ".

Le livret intégral en Italien

Source : festival-mozart.com

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