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Catalogue Kochel

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Quelques oeuvres commentées

 

Symphonie n°25 en sol mineur K183

Elle est écrite pour 2 violons, alto, 2 hautbois, 4 cors, violoncelle et basse (plus 2 bassons dans l'Andante). Durée d'exécution : 28 minutes environ.

Si l'influence de Haydn ainsi que celle d'un compositeur aujourd'hui oublié, Vanhal, sont sensibles dans cette oeuvre qui semble avoir été composée à la fin de 1773, si l'on ne peut négliger non plus l'apport des poètes et romanciers du Sturm und Drang, elle n'en reste pas moins le témoignage d'une maîtrise d'écriture qui en fait comme la plupart des commentateurs le font remarquer, le prototype de la grande Symphonie en sol mineur (K550), de 1788. 
Parcourue par un souffle tragique étonnant chez un musicien qui n'a pas encore atteint dix-huit ans, cette page est bien, dans son étonnante maturité, l'équivalent du Cinquième concerto pour piano, et un jalon primordial dans l'évolution de la création mozartienne

1 Deux sujets forment la trame de l'Allegro con Brio (à 4/4), qui en constitue le mouvement initial. Le premier est en deux parties, et tout à fait remarquable : après quatre mesures d'introduction, la mélodie s'élance sur un rythme fébrile que maintiendront les cordes, tandis que le hautbois se verra confier le chant, rendu encore plus tendu par l'emploi des syncopes et des imitations. Plus anodin, par volonté de contraste, le second sujet en majeur, très court, aboutit à une ritournelle qui, reprenant le rythme implacable du début, débouche sur le développement animé par la même énergie impulsive, tandis que les bois font entendre certains échos du premier sujet. Peu à peu la tension se relâche ; mais le répit est bref : les vents à découvert ne tardent pas à ramener les premières mesures de l'introduction, et la rentrée se déroule avec un changement notable puisque la deuxième partie du premier sujet, ainsi que le second, sont maintenant en mineur, prenant définitivement une couleur pathétique.

2 L'Andante en mi bémol (à 2/4), dont la douceur délicate fait oublier la violence de ce qui précède, séduit davantage par le jeu   de contrepoint auquel se livrent les instruments, et par les colorations qu'apportent au chant les bassons et les hautbois, que par la mélodie elle-même, formée de deux sujets. Après quelques  mesures des vents à découvert, suivies d'une cadence des violons qui clôt le développement, la rentrée survient, augmentée, après le premier sujet, d'un passage nouveau que des modulations mineures teintent de mélancolie, donnant soudain à cette page une gravité insoupçonnée.

3 Menuetto (à 3/4) : rien de plus déconcertant que l'atmosphère de ce mouvement, dont le chant ne se départit à aucun moment d'une nostalgie pénétrante. La première partie en mineur en est reprise, variée, après la seconde, et suivie d'une coda. Le trio est tout entier confié aux vents, et la clarté de leurs sonorités, ainsi que la lumières de la tonalité de sol  majeur, apportent un peu de sérénité au sein de ces quelques minutes  dont le sentiment reste indéfinissable.

4 Avec le finale Allegro (à 2/2), voici à nouveau l'effervescence inquiète du mouvement initial, manifeste dès l'exposition du premier sujet, malgré une réponse en majeur. C'est ce même sujet qui fournira la transition introduisant le second, et c'est encore lui qui sera présent en filigrane tout au long du développement, sous l'apparence de dessins mélodiques nouveaux aux modulations pathétiques. Peu de changements dans la rentrée, suivie d'une coda d'une dramatique énergie, sur le rythme obsédant du premier sujet, tendu à l'extrême.
Dire qu'avec cette symphonie nous sommes en présence d'un chef-d'oeuvre serait peut-être excessif, malgré la beauté fascinante et ambiguë de ses parties extrêmes. On ne peut nier toutefois, outre sa sûreté formelle, ses aspects prémonitoires.  

Source : Fayard - Guide de la musique symphonique

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