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Requiem en ré mineur (K626)
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Jamais oeuvre n'a laissé derrière elle un trouble plus profond, qu'ont encore grandit deux siècles de légendes...  

Les circonstances de la composition ne manquent certes pas de mystère romanesque. En juillet 1791, Mozart, épuisé par le travail et les inquiétudes tant morales que financières, mettait la dernière main à la Flûte enchantée lorsqu'il reçu la visite d'un messager secret. On sait aujourd'hui qu'il s'agissait de l'intendant du comte Walsegg, lequel, tant veuf que mélomane, entendait obtenir une messe des morts à la mémoire de sa femme défunte : messe anonyme, soit qu'il souhaitât selon la mode la livrer aux devinettes de son cercle d'érudits pour en identifier l'auteur, soit qu'il voulût bien sûr s'en attribuer la paternité (ne fut-il pas, en effet, stipulé devant notaire que Mozart devait remettre à son commanditaire le manuscrit autographe sans en prendre copie?).

Le commanditaire faisait certes un choix judicieux en la personne de Mozart, nommé vice-maître de chapelle a la cathédrale de Vienne depuis le 9 mai 1791. Cela d'autant plus que le compositeur continuait son travail sur la forme musicale de la messe dans un souci de renouvellement, là où s'étaient arrêtées les innovations ébauchées sous Joseph II. Rappelons qu'en 1788, entre Don Giovani et Cosi Fan Tutte, Mozart s'employait encore à composer pour l'église : des analyses récentes situent d'ailleurs indiscutablement à cette époque finale de nombreuses esquisses que l'on datait jusqu'alors de la période salzbourgeoise. Contrairement à ce qui fut longtemps affirmé, Mozart n'avait donc cessé de se consacrer à l'écriture religieuse, sans se circonscrire à la seule production maçonnique.

On sait encore que l'envoyé se fit pressant, renouvelant ses apparitions comme Mozart, déjà malade, faisait face à grand mal à une surcharge de travail. En effet, une nouvelle commande venait de lui échoir début août, celle d'un opéra pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II : ce sera la Clémence de Titus et cette gageure terrible d'en rédiger la partition en trois semaines. Mozart, exsangue, angoissé, fut frappé par les retours de cet énigmatique messager, même s'il est vrai que la fameuse prémonition de sa fin prochaine relève plus de l'imagerie romantique que de la simple réalité.

On sait enfin que la mort interrompit l'ouvrage commencé à l'automne 1791 (et que Mozart avait daté de 1792 pensant y consacrer un certain temps),laissant aux mains des héritiers, des élèves et des commentateurs le soin d'une partition longuement controversée... Constance, jusqu'en 1799, garda le nom secret du commanditaire, plus longuement encore elle s'acharna à nier toute collaboration étrangère à l'achèvement de l'oeuvre : tant pour satisfaire son "client" et obtenir ainsi un paiement complet dont elle avait un urgent besoin, que pour auréoler son diable de mari d'une gloire plus chrétienne !

Toutes les interprétations ont fleuri d'abondance sur des lettres prétendues, des documents suspects, des témoignages sujets à caution, des appropriations hâtives. Qu'est-on en mesure d'établir avec certitude aujourd'hui ?

Mozart a entièrement rédigé les deux premiers morceaux (Requiem et Kyrie ; il a défini pour une bonne part le matériel des cinq premières morceaux (Requiem et Kyrie) ; il a défini pour une bonne part le matériel des cinq premières sections de la séquence, du Dies irae au Confutatis compris : ainsi les parties vocales, le chiffrage des basses etc... Après des essais infructueux ou partiels (notamment de Joseph Eybler) la relève fut assurés par Franz-Xaver Süssmayr, à la demande de Constance. Élève du maître, il en connaissait le style et venait par ailleurs de l'assister dans la rédaction des récitatifs de la Clémence de Titus. Il travailla l'orchestration à partir des nombreuses indications, poursuivit le Lacrimosa dont Mozart avait esquissé de sa main les huit premières mesures avant de se taire à jamais. Enfin il compléta, non sans respect, les parties manquantes, en s'aidant des instructions de la dernière heure, des notes autographes remises par Constance, des "secrets d'atelier" confiés par son maître : le tout, comme on le dit souvent, sans talent suffisant pour grandement servir ni grandement trahir.

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Livret du Requiem

I Introït
Requiem
Seigneur, donne-leur le repos éternel, 
et fais luire pour eux la lumière sans déclin. 
Dieu, c'est à Sion qu'on chante dignement tes louanges ; 
à Jérusalem ont vient t' offrir des sacrifices. Écoute ma prière? 
Toi vers qui iront tous les mortels. 
Seigneur, donne-leur le repos éternel, 
et fais luire pour eux la lumière sans déclin.

II Kyrie
Seigneur, prends pitié.
Christ, prends pitié.
Seigneur, prends pitié.

III Séquence
n°1 Dies irae

Jour de colère que ce jour-là,
où tel monde sera réduit en cendres,
selon les oracles de David et de la Sybille.

Quelle terreur nous saisira,
lorsque le Juge viendra
pour nous examiner rigoureusement!

n°2 Tuba mirum
La trompette répandant la stupeur
parmi les sépulcres,
rassemblera tous les hommes devant le trône.

La mort et la nature seront dans l'effroi,
lorsque la création ressuscitera
pour rendre compte au juge.
Le livre tenu à jour sera apporté
livre qui contiendra
tout ce sur quoi le monde sera jugé
Quand donc le Juge tiendra séance,
et rien ne demeurera impuniiMalheureux que je suis, que dirai-je alors Quel protecteur invoquerai-je,
quand le juste lui-même sera dans l'inquiétude?

Malheureux que je suis, que dirai-je alors ?
Quel protecteur invoquerai-je, 
quand le juste lui-même sera dans l'inquiétude?

n°3 Rex tremendae
Ô Roi dont la majesté est redoutable,
Toi qui sauves par grâce,
sauve-moi, ô source miséricorde.

n°4 Recordare
Souviens-toi, ô doux Jésus,
que je suis la cause de ta venus sur terre,
ne me perds donc pas en ce jour. En me cherchant, tu t'es assis de fatigue,
tu m'as racheté par le supplice de la croix :
que tant de souffrances ne soient pas perdues.

Ô Juge qui punis justement,
accorde-moi la grâce de la rémission de péchés
avant le jour où je devrai en rendre compte. Je gémis comme un coupable : la rougeur me
couvre  le visage à cause de mon péché ;
pardonne, mon Dieu, à celui qui t'implore.

Toi qui a absous Marie-Madeleine,
toi qui as exaucé le bon larron :
à moi aussi tu donnes l'espérance.

Mes prières ne sont pas dignes d'êtres exaucées,
mais toi, plein de bonté, fais par ta
miséricorde que je ne brûle pas au feu éternel.
Accorde-moi une place parmi les brebis
et sépare-moi des égarés
en me plaçant à ta droite. 

n°5 Confutatis
Et après avoir réprouvé les maudits
et leur avoir assigné le feu cruel,
appelle-moi parmi les élus.

Suppliant et prosterné, je te prie,
le coeur brisé et comme réduit en cendres : prends soin de mon heure dernière.

n°6 Lacrimosa
0h! Jour plein de larmes,
où l'homme ressuscitera de la poussière :
cet homme coupable que tu as jugé :

épargne-le, mon Dieu!
Seigneur, bon Jésus,
donne-leur le repos éternel. Amen.

IV. Offertoire
n°1 Domine Jesu Christe
Seigneur Jésus-Christ, Roi de gloire,
délivre les âmes de tous les fidèles défunts 
des peines de l'enfer et de l'abîme
sans fond : délivre-les de la gueule du 
lion, afin que le gouffre horrible ne les
engloutisse pas et qu'elles ne tombent
pas dans le lieu des ténèbres. Que Saint 
Michel, le porte-étendard, les introduise 
dans la sainte lumière que tu as
promise jadis à Abraham et à sa postérité.

n°2 Hostias
Nous t'offrons, Seigneur, le sacrifice et
les prières de notre louange ; reçois-les
pour ces âmes dont nous faisons mé-
moire aujourd'hui. Seigneur, fais-les
passer de la mort à la vie,
que tu as promise jadis à Abraham et à sa postérité.

V. Sanctus
Saint, Saint, Saint le Seigneur, Dieu
des Forces célestes. Le ciel et la terre
sont remplis de ta gloire. Hosanna au plus haut des cieux!

VII. Benedictus
Béni soit celui qui vient au nom du Sei-
gneur.
Hosanna au plus haut de cieux !

VII Agnus Dei
Agneau de Dieu qui enlèves les péchés
du monde, donne-leur le repos éternel.

VIII. Communion
Lux aeterna
Que la lumière éternelle luise pour eux,
au milieu de tes Saints et à jamais, Sei-
gneur, car tu es misécordieux.Sei-
gneur, donne-leur le repos éternel, et
fais luire pour eux la lumière sans déclin. Au milieu de tes Saints et à jamais, Seigneur, 
car tu es miséricordieux.
 

Source : Fayard - Guide de la musique sacrée