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Mozart enfant, Huile, 1763 par Pietro Antonio Lorenzoni

Nannerl, soeur aînée de Wolfgang, actuellement exposé à Salzbourg dans la maison natale de Mozart.

Leopold Mozart (père de Mozart)

Anna-Maria Mozart 1775 (mère de Wolfgang)

Andreas Schachtner possédait un violon dont Wolfgang disait lorsqu'il était enfant qu'il produisait un son aussi doux que le beurre !

Carte postale

Conztance, épouse de Mozart

Aloysia Werber, soeur de Conztance et premier grand amour de Mozart

Cousine de Wolfgang, surnomée La Basle. Il partagea avec elle une correspondance débridée !

Joseph Haydn, lié à Wolfgang par une profonde amitié et une admiration réciproque

Les deux fils de Wolfgang, Karl et Franz Xaver, 1789 par Hans Hansen (salzbourg, maison natale de Mozart)

Colloredo, surnommé Mufti par Wolfgang et Leopold dans leur correspondance...

L'empereur Joseph 2

Mozart 1773, miniature sur ivoire, Anonyme

Lorenzo Da Ponte, librettiste

Emanuel Schikaneder

Mozart à Verone, Janvier 1770, Huile, Saverio della Rosa

Mozart automne 1777, miniature sur ivoire, Anonyme

Mozart, Médaillon en plâtre 1788-89, Leonard Posch

Wolfgang malade composant sont requiem inachevé tandis que sa belle soeur Sophie Haibel (soeur cadette de Conztance) veille sur lui.

La jeunesse (1756-1778) : Le miracle

Wolfgang manifeste dès l’âge de trois ans une faculté  de concentration exceptionnelle,   mémoire étonnante et une justesse absolue d’oreille : un de ses amusements consiste à "chercher les notes qui s'aiment" sur le clavecin de sa soeur. Son père, Léopold (1719-1787), sévère mais excellent pédagogue musical, entreprend dès lors son instruction. On lui a reproché d’avoir exercé sur son fils une influence conservatrice et retardatrice ; mais Wolfgang sut faire la part de l’étroitesse d’esprit et celle de la solidité du métier.
En 1762, Wolfgang vient d'avoir 6 ans et Andreas Schachtner se souvient :  Il était occupé à écrire. Son père: "Que fais tu là?" "Un concerto pour clavecin; je vais bientôt avoir achevé la première partie." Léopold examine les feuillets et doit se rendre à l'évidence : son fils porte en lui un véritable don pour la musique!
Il décide alors d'entreprendre, avec son fils et sa fille Maria Anna, des tournées (
Cliquez pour avoir le détail des voyages de Wolfgang) où les enfants prodiges seront exhibés (ne pas oublier que Nannerl était une jeune virtuose au clavier!), au risque d’exposer Wolfgang, entre sa septième et sa onzième année, aux fatigues et aux maladies de voyages lointains. Ces expéditions se retournent d’ailleurs partiellement contre le père, car l’enfant y trouve l’occasion de capter des influences qui n’agréent pas à son mentor et qu’il n’aurait pas connues si tôt s’il était resté à Salzbourg.
Une première tournée (1762) mène Wolfgang à Munich et à la cour impériale de Vienne. Mais c’est la deuxième qui est la plus importante : elle dure trois ans (1763-1766) et les fait passer l’Allemagne occidentale, Mannheim,  Francfort (où il fait l’admiration de Goethe), Bruxelles, Paris (où il joue devant la Cour), Londres. La Haye, Amsterdam, Lyon, Genève.

Thé à l'anglaise chez le prince de Conti au Temple, été 1766, Huile, Michel Barthélemy Ollivier - Mozart est assis au clavecin sur la gauche de l'image.
Cette peinture en dit long sur la façon d'écouter la musique dans les salons de la haute bourgeoisie. Chacun s'affaire, prend le thé, bavarde ou mange, sans prêter plus d'attention que cela au jeune Wolfgang...

Ce voyage fut capital pour la suite, parce que, dés l’âge de huit ans, Mozart fait la découverte de deux musiciens qui le marqueront pour toujours : Johann Schobert (1735 env. 1767) à Paris, Jean-Chétien Bach (1735-1782) à Londres. Grâce au premier s’éveillent à la fois en lui le sens de la tendresse mêlée à l’intensité pathétique et celui de la poésie musicale. Par le second (fils cadet de Jean-Sébastien), c’est paradoxalement en allant vers le Nord qu’il entre en contact avec la chaleur ensoleillée du Midi italien.
De retour dans son Autriche natale, il s’imprègne de l’esprit musical, à la fois sérieux et gemütlich de l’Allemagne du Sud, représenté par Joseph Haydn, son aîné de vingt-quatre ans, qu’il découvre lors de quelques séjours à Vienne.
Il lui fallait dorer sa palette musicale au soleil du Midi, et c’est un point à mettre à l’actif de son père que de l’avoir envoyé à trois reprises en Italie : 1769-1770, 1771, 1772-1773. Pendant cette période, il se plonge, alternativement, dans la musicalité chantante mais superficielle de l’opéra italien d’alors et dans la sensibilité autrichienne. Ce qu’il retire de plus précieux de ce contact avec l’Italie, c’est, grâce au padre Martini qui le fait travailler à Bologne (1770), l’art de la mélodicité polyphonique puisé à la tradition des anciens maîtres du contrepoint chantant. Jusqu’au terme de sa carrière, Mozart restera dès lors un maître incontesté, surtout dans les ensembles d’opéras, de la science de la polyphonie vocale.
Il résulte de son dernier voyage en Italie une crise "romantique" (le courant Sturm und Drang annonce le début du courant Romantique à venir) où Mozart, alors âgé de dix-sept ans, produit de purs chefs-d’oeuvre : les quatuors milanais à cordes, K.155 à 160, et la trilogie symphonique de l’hiver 1773, K 200, 183 et 201, qui consacrent la synthèse du Nord et du Midi. 
Ensuite, pendant quatre ans, il s’adonne à la "galanterie" musicale. On désigne par là une forme musicale mal définie, intermédiaire entre la puissante structure baroque qui est abandonnée et le nouveau langage thématique qui s’élabore (surtout grâce à Joseph Haydn) ; la galanterie tire son agrément de l’enrubannement rococo de mélodies flottant sur un accompagnement d’accords rompus. Certains ont reproché à Mozart de s’être laissé aller à la facilité en adoptant ce style décoratif pour complaire à l’aristocratie salzbourgeoise : sérénades, divertissements, sonates salonnières pour le piano. En réalité, Mozart comme tout autre musicien de l'époque devait, pour rester populaire, se soumettre aux courants de la mode ou il courait le risque de ne plus se voir commander d'oeuvres. Malgré tout, de nombreuses pièces écrites par Wolfgang à cette époque dénotent d'un certain rejet de la galanterie pure qu'il a finalement réussi à dompter sans heurter l'oreille du public des salons de l'époque ! La galanterie affleure déjà les concertos pour violon (1775), et surtout elle fleurit à pleines corolles dans la merveilleuse année 1776, celle où le maître a vingt ans. Si de telles oeuvres faisaient défaut, il manquerait quelque chose d’important dans l’oeuvre de Mozart. Et c’est l’année suivante (1777) qu’il créera son premier chef d’oeuvre dans la lignée des grands concertos pour le piano, le bouleversant K 271 en mi bémol majeur.
De septembre 1777 à janvier 1779, c’est le grand voyage à Paris. Il part, accompagné seulement de sa mère, et l’aventure sera très décevante sur le plan du sentiment (son amour déçu pour Aloisia Weber), de la famille (sa mère meurt à Paris) et de sa carrière (il est évincé des milieux musicaux de la capitale et lâché par le baron Grimm, son protecteur). Par contre, sur le plan musical, ce voyage sera très fructueux : à l’aller, il s’arrête longuement à Mannheim où il découvre les puissances expressives de l’orchestration romantique moderne. A Paris, lui qui depuis toujours est hanté par le désir d’écrire des opéras, il tombe en plein dans la lutte entre piccinistes et gluckistes ; mais il ne s’y engage pas parce qu’il prend déjà conscience du style de théâtre musical qui sera le sien. Par-dessus tout, ce séjour à Paris aura une importance capitale du fait que Mozart capte l’esprit français, sans en retenir la sécheresse, le goût de la pudeur, l’ élégance et de la concision. Il aura dès lors plus que jamais horreur de la longueur et de l’emphase oratoire (ce qu’il appelle le "goût long des Allemands").
A présent, son assise est bien solide, tripartite ; il devient le musicien européen par excellence, capable de réaliser la synthèse des langages allemand, italien et français, dont il peut user, comme en se jouant, en y mettant sa propre touche.

Portrait de la famille Mozart, Hiver 1780 - 1781, Huile, Johann Nepomuk della Croce

La Maturité (1779-1788) : Besoin d'indépendance

Cette période peut être divisée en deux autre périodes (cf Jean-victor Hocquard):
La Maturation, de son retour de Paris (1779) jusqu'à sa découverte de JS Bach (1782) C'est durant cette période qu'intervient la rupture avec l'archevêque de Salzbourg (1781) puis le départ pour Vienne et, enfin, le mariage avec Constanze (1782).
Vient ensuite la période de pleine maturité du musicien, dès la composition des quatuors dédiés à Haydn, jusqu'à la symphonie Jupiter (1788)

Dès 1779, pendant trois ans, il pose les bases de son évolution future : concertos pour le piano, sonates pour violon et piano, sérénades qui font craquer les limites galantes du genre. Tout cela aboutit à un chef-d’oeuvre dramatique qui, en dépit de la forme désuète de l’opéra séria, offre les prémices de tout son art lyrique et symphonique : l’Idoménée (Munich, 29 janvier 1781). En mai, il rompt, après des scènes affligeantes, avec son employeur, l’archevêque Colloredo, et s’installe, sans ressources et sans situation, à Vienne. Et l'on retiendra notamment son départ fracassant sous le coup de pied du comte Arco que sa fierté individuelle ne digèrera jamais. En témoigne cette lettre du 20 juin 1781 ou il dit :
" Le coeur ennoblit l'homme; et si je ne suis certes pas comte, j'ai peut-être bien plus d'honneur en moi que bien des comtes; et valet ou comte, celui qui m'insulte est une canaille."
Son père désapprouve cette rébellion envers l'archevêque et prend plus mal encore les fiançailles de Wolfgang avec Constanze Weber, qu’il estime indigne de lui. Mozart passera outre et l’épousera le 3 août 1782…
Un problème se pose alors au Maître : comment gagner la plus vaste audience possible, car la vie même du jeune ménage en dépend, non seulement en s’interdisant toute concession à la facilité, mais encore en mettant tout en oeuvre pour hausser le public superficiel de Vienne à des hauteurs inaccoutumés ? Mozart a enfin l’occasion d’écrire, pour la scène, un opéra qui ressortit à un genre où il libre, le Singspiel, et où il ne subit plus les lourdes contraintes de l’opéra seria. L’Enlèvement au sérail, opérette allemande, inaugure, le 16 juillet 1782, la série de ses chefs-d’oeuvre lyriques.
A partir de 1782, Mozart passe par des crises successives qui deviendront de plus en plus graves à mesure qu’il approche de la mort. Ces périodes où l’ethos se fait angoissé et, par moments, tragique (1783, 1785, 1787, 1790), alternent avec de merveilleuses accalmies (1784, 1786, 1788, 1791).
Aucun événement de sa vie privée ne saurait expliquer ces "strangulations". Elles se comprennent, mais en partie seulement, par des problèmes de technique musicale : la rencontre de nouvelles formes d’écriture crée toujours chez lui une contraction de style qui ne peut se détendre que lorsque les nouveautés ont été complètement assimilées : et, par assimilation, on n’entend pas l’art d’adopter des procédés (ce qui pour lui était un jeu d’enfant), mais le fait d’en arriver à parler de ses langages à l’état naissant. Certes, après son retour de Paris, tous les styles proprement contemporains lui étaient devenus familiers, et ce n’est pas une des choses les moins stupéfiantes qu’un musicien doué d’une telle mémoire ait pu rester foncièrement libre à l’égard de toute imitation. Pourtant, il lui restait encore deux langages à découvrir et à faire siens : l’un qui avait son assise dans le passé, l’autre qui s’ouvrait audacieusement sur l’avenir. Le premier est la puissante structure baroque fugale, représenté par Jean-Sébastien Bach ; le second, illustré par Joseph Haydn, surtout dans ses quatuors à cordes, est le style thématique du type sonate, avec ce qu’il implique de richesse harmonique, par l’extension tonale, et de construction dialectique orientée vers la forme cyclique. C’est en 1782 que Mozart découvre ces deux langages antinomiques qui sont d’ailleurs l ’un et l’autre peu compatibles avec la mélodicité à laquelle son travail de synthèse l’a fait parvenir. C’est donc à un nouveau travail de synthèse l’a fait parvenir. C’est donc à un nouveau travail de synthèse qu’il va s’adonner durant ses deux premières années viennoises (1782-1783), synthèse d’autant plus vaste et difficile qu’elle doit englober tout ce qu’il a précédemment acquis. Ces découvertes, il les a faites à point nommé : tôt, puisqu’il n’a que vingt-six ans ; tard, puisqu’il n’a plus que neuf ans à vivre…
Mozart-Bach ! Conjonction historique impressionnante, d’autant plus qu’il fallait alors du courage, et presque de l’audace, pour remonter le cours du temps. En effet, Jean-Sébastien, mort en 1750, était trente ans plus tard, non seulement méconnu, mais inconnu. Ses partitions étaient introuvables, et c’est par hasard qu’un diplomate mélomane, le baron van Swieten, rapporta de la cour de Prusse des copies manuscrites de quelques fugues du grand Cantor.
Mozart prend feu, s’essaie à ce style périmé dont il est le seul alors à saisir la puissance. Et, en mai 1783, c’est la merveille, le chef-d’oeuvre de sa musique religieuse : la Grande Messe en ut mineur (inachevée) K 427. Pendant le même temps, il se concentre dans le travail ardu (comme il le déclare lui-même) de la composition thématique. Son coup d’essai est un coup de maître : en décembre 1782, le quatuor à cordes K 387 inaugure la glorieuse série des six quatuors (les trois derniers seront terminés en 1784-1785) qu’en hommage à Haydn il lui dédiera. Celui-ci, les écoutant, dira à Léopold présent à l’exécution : "Je vous le dis devant Dieu, et en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom. Il a du goût et en outre, la plus grande science de la composition" (février 1785).
Ces travaux de recherche, c’est dans le retrait du laboratoire scientifique que Mozart les mène ; aussi voyons-nous, à partir de 1782, ses compositions se scinder en deux : les oeuvres de solitude, le plus souvent rétractées et même tragiques, et les oeuvres destinées aux concerts où il évite de choquer et de brusquer le grand public. Non qu’il fasse des concessions pour conquérir une audience dont il a tant besoin : au contraire, avec autant de sûreté de main que de prudence, il introduira peu à peu dans ses concertos et ses symphonies les découvertes audacieuses qu’il a faites dans la solitude. Cela lui coûtera d’ailleurs, à partir de 1786, la désaffection croissante du public viennois.
Le résultat de cette complexe élaboration se voit dans l’explosion magnifique des six concertos pour piano de 1784, chefs-d’oeuvre qui seront suivis de six autres jusqu’à la fin de 1786. Mais ce succès de 1784 est suivi d’une année sombre, la plus "romantique" de la vie du Maître (Concerto en ré mineur K 466, les trois derniers quatuors à Haydn). Notons qu’en décembre 1784 Mozart est initié à la franc-maçonnerie, et que les idées qu ’il brasse lui inspireront la dramatique Ode funèbre K 477 (novembre 1785).
1786 : une année claire comme l’avait été celle de ses vingt ans, mais avec, maintenant, une aisance qui est le signe qu’il a réalisé la synthèse de tous ses langages. Le style thématique en arrive à s’épanouir dans la mélodicité, comme on peut le voir dans sa musique de chambre avec piano (les trios), dans les trois beaux concertos pour le piano K 488, 491 et 503, et surtout dans Les Noces de Figaro. Mozart a trouvé le genre théâtral qui lui convient le mieux, l’opera buffa, où la richesse et l’intensité musicales vont de pair avec l’alacrité et la présence scéniques.
Nouvelle crise en 1787 : Mozart est gravement préoccupé par l’idée de la mort, surtout après le décès de son père. C’est l’année du Quintette en sol mineur K 516 et du Don Giovanni, où se pose à cru le problème de la rupture de l’ardeur de vivre et de l’inanité des passions.
L’année 1788 est dominée par le massif symphonique aux trois cimes : la Mi bémol K 543, la Sol mineur K 550 et l’ultime : la Jupiter (K 551, du 10 août), qui est le testament symphonique du Maître. Mais, le plus étonnant, c’est que Mozart fait voisiner avec ces pièces monumentales des oeuvres légères, presque galantes, comme la Sonate "facile" (K545) et les derniers trios.

Les dernières oeuvres (fin 1788-1791) : Isolement

A partir de l’automne 1788, Mozart entre dans une période de retrait ; mais sa musique d’intimité (pour cordes ou piano solo) a le plus souvent un caractère de sérénité (Trio K 563, Sonate pour piano K 570). Au cours d’un voyage où il essaie d’obtenir la faveur du roi de Prusse, il fait un pèlerinage à la Thomasschule de Leipzig, rendant un suprême hommage à Bach. Son écriture se resserre encore (Sonate pour piano K 575 et derniers quatuors) et s’épanouit dans la concentration poétique du Quintette avec clarinette K 581. Tout cela aboutit à l’oeuvre théâtrale la plus translucide de Mozart, le Cosi fan tutte, comédie-proverbe d’une profonde gravité sous son élégance frivole (Burgtheater, Vienne, 26 janvier 1790). 
L’année 1790 est un véritable désert, aride et désespéré. Pourtant, en décembre, le magnifique Quintette à cordes en ré majeur K 593 marque un redressement total. La poésie décantée de l’ultime année s’épanouit dans de vastes compositions (le dernier Concerto pour piano K 595, le Concerto pour clarinette K 622) et, d’une façon plus concentrée encore, dans les piécettes apparemment insignifiantes (lieds, adagio pour harmonica, cantiques maçonniques). Deux mois avant sa mort, le succès semble enfin se dessiner avec La Flûte enchantée, singspiel maçonnique où il récapitule pour la scène tous les langages de sa carrière. Mais, en même temps qu’il achève cette oeuvre toute pénétrée de son aspiration à la lumière, il commence son Requiem. L’oeuvre ne sera pas terminée : Mozart meurt le 5 décembre. Son corps sera enterré dans la fosse commune.

"Je ne peux pas bien t’expliquer mon impression, écrit-il quatre mois avant sa mort (7 juillet 1791), c’est une espèce de vide qui me fait très mal, une certaine aspiration qui, n’étant jamais satisfaite, ne cesse jamais, dure toujours et croît de jour en jour. Même mon travail ne me charme plus."

La Flûte enchantée est terminée le 30 septembre ; il lui reste à écrire son Requiem, dont il sent qu’il le compose pour lui-même. Dès octobre - novembre, la santé de Mozart décline et, à partir du 20 novembre, il reste alité. Dans l'après-midi du 3 décembre a lieu dans sa chambre une répétition du Requiem. Schack racontera ensuite : "Comme ils arrivaient au premier verset du Lacrimosa, Mozart eut soudain la certitude qu'il n'achèverait pas son oeuvre; il se mit à sangloter et écarta la partition."
Puis Deiner, présent dans les dernières heure de vie du compositeur, racontera: "A minuit, Mozart se dressa sur son lit, les yeux fixes, puis il pencha la tête contre le mur et parut se rendormir." Son coeur cessera de battre dans la nuit du 4 au 5 décembre 1791, peu avant une heure du matin. Sur l'acte de décès est noté : " Fièvre militaire aiguë " (cliquer pour plus de détail sur les controverses liée à sa mort)

Mozart mort ruiné ?

La situation financière de Mozart à la fin de sa vie a fait couler beaucoup d'encre. Des esprits mal intentionnés accusèrent le caractère trop enfantin de Wolfgang et son incompétence à gérer son foyer. Pour essayer d'y voir un peu plus clair, il est important, déjà, de connaître la monnaie de l'époque, ainsi que les revenus de Wolfgang (approximativement évalués) et le coût de la vie à Vienne.

La principale unité monétaire en circulation était à l'époque le Florin d'argent. Un florin se décomposait en 60 Kreuzer lui même composé de 4 Pfenning. Le Ducat était une pièce d'or valant environ 4 Florins. Le Thaler, lui, valait environ 2 Florins, La Livre Sterling en valait 8 à 9, le Zecchino vénitien à peu près 5 et le Louis d'or français valait environ 4 Florins. Mais la difficulté réside dans le fait que 10 Florins viennois équivalaient environ à 12 Florins salzbourgeois.
Des que Mozart a cessé d'être attaché au service d'une cour (lors de son installation à Vienne, il se mit à devoir gagner sa vie autrement. C'est pourquoi il prit des élèves et organisa de nombreux concerts pour son propre bénéfice, ce qui lui rapporta des revenus confortable avant que sa popularité ne commence à décliner (A Salzbourg, Mozart recevait 450 Florins de traitement annuel). Les opéras aussi pouvaient être de bonnes sources de revenus. Wolfgang parvenait donc à gagner sa vie et ses revenus tant bien que mal évalués se situaient quelque part entre 2000 et 6000 Florins par an. Mais il ne faut pas négliger de prendre en compte le coût de la vie et les divers frais inhérents à la vie de musicien indépendant qu'il avait choisi de mener ! Les loyers à Vienne s'élevaient à environ 500 - 700 Florins, l'achat d'un piano-forte lui coûta 900 Florins, un habit d'homme 30 à 50 Florins, une robe de dame 100 Florins. La situation exigeait de Mozart qu'il soigne particulièrement son apparence !
D'autre part, les rentrées d'argent étaient aléatoires et difficilement prévisibles ce qui rendait la gestion du foyer malaisée (en témoignent les lettres de demande de prêt qu'il adressa à certains de ses amis ). Cependant, on ne peut pas dire qu'au lendemain de sa mort Wolfgang était ruiné; au pire il laissa une maigre dette bien vite remboursée.

Enfin, et là encore pour lever le voile sur une légende ayant la vie dure, Constance fut et reste pour la plupart des biographes de Mozart (cf ci-dessous un extrait de la biographie de Mozart par Einstein ), une femme tête en l'air, capricieuse, irréfléchie et mauvaise gestionnaire. Si tel était le cas, comment expliquer qu'elle devint suffisamment réfléchie et déploya tant d'énergie à la gestion des affaires par la suite? N'oublions pas qu'elle réussit à obtenir une pension de l'état alors que Wolfgang n'avait pas été suffisamment longtemps au service impérial !
Description peu flatteuse de Constanze par A. Einstein (1945)
"Elle n'était même pas une bonne ménagère ; elle n'était jamais prévoyante, et, au lieu de faciliter la vie et le travail de son époux en lui assurant un certain confort matériel, elle partageait inconsidérément son existence bohème [...] Elle était tout à fait inculte et n'avait aucun sens des convenances."

On dit qu'aujourd'hui, si l'on calculait la fortune de Mozart (tout au moins celle de sa descendance) le montant rapporté par l'utilisation de ses oeuvres permettrait d'acheter l'Autriche toute entière ! Lui qui mourut quasiment sans public...

Comme c'est étrange aussi de constater qu'à la fin de sa vie le public boudait les représentation de Mozart (ne pas négliger cependant le grand succès populaire de "La flûte enchantée") alors qu'à peine quelques années après sa mort ses oeuvres bénéficiaient d'un succès sans pareil. En témoigne cet article de 1794 des Teutschlands Annalen des Jahres:
"En cette 1794e année, rien ne peut ni ne doit être joué ou chanté, ni rien entendu avec approbation, si cela ne porte sur le front le nom tout puissant et magique de Mozart. Opéras, symphonies, quatuors, trios, duos, pièces de claviers, chants et même danses - tout doit être du Mozart pour pouvoir prétendre à l'approbation générale. Les imprimeurs de musique, de leur côté n'ont pas manqué de satisfaire à ces caprices dilettantes. Grâce au grand art de l'arrangement nous possédons déjà La flûte magique de ce compositeur gravé et imprimé dans toutes les formes sus-dites. Le ciel sait à quel point maints de ces essais ont pris un tour aventureux, qu'ils devaient du reste prendre en raison de la nature de cette pièce. Il suffit de dire que ce que l'on joue ou chante est de Mozart, et, qui plus est de sa Flûte magique."